la low tech dans l'immobilier

Qu’est-ce que la low tech ?

Par opposition au terme « high tech », la low tech désigne l’utilisation de technologies sobres, peu coûteuses et accessibles au plus grand nombre. Reposant sur l’économie circulaire en privilégiant les ressources locales et le recyclage d’objets ou matériaux, la low tech s’inscrit ainsi dans la dynamique de « l’innovation frugale ». En partant du principe que la course à la technologie génère son lot de problèmes environnementaux et humains, la Low Tech a pour ambition de répondre aux besoins des populations grâce à des solutions certes moins sophistiquées mais tout aussi qualitatives en termes de services. Elle repose sur trois grand principes :

 

  • Une approche pragmatique de l’environnement, désormais considéré comme un capital à protéger plutôt qu’une simple ressource économique
  • Le développement durable indissociable d’une utilisation raisonnée et limitée des ressources naturelles
  • La prise en considération de la qualité de vie, du bien-être et de l’environnement dans les choix et décisions économiques : la low tech contribue ainsi à l’essor de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et des critères ESG (environnementaux, sociaux et gouvernance) au sein du monde entrepreneurial.

 

Dans le cadre de l’immobilier d’entreprise, l’approche low tech consiste à fournir aux utilisateurs un environnement de travail performant et confortable en faisant un usage modéré de technologie, des ressources et de l’énergie. Les immeubles de bureaux et bâtiments professionnels répondant à cette ambition doivent donc être conçus et construit selon un modèle de sobriété technologique. La Low Tech s’oppose ainsi à l’omniprésence du high-tech indissociable d’un immobilier d’entreprise qui accorde aujourd’hui une place de plus en plus importante aux smart buildings.

 

La Low Tech s’inscrit en faux contre les projets de réhabilitation qui consistent à simplement détruire pour reconstruire, un mode opératoire particulièrement désastreux sur le plan écologique notamment en raison des fortes émissions de gaz à effet de serre. Bien au contraire la sobriété propre au low tech privilégie le réemploi, le recyclage et la réutilisation afin de contribuer à l’émergence d’une économie circulaire. Une démarche éco-responsable conforme au cadre juridique fixé par le décret 3R.

 

Appliqué à l’immobilier de bureaux, la low tech agit en faveur d’un secteur tertiaire décarboné et responsable, compatible par conséquent avec les objectifs écologiques de l’Accord de Paris et la Loi Climat et Résilience. Ce projet d’immobilier tertiaire durable s’appuie notamment sur une architecture bioclimatique et une utilisation raisonnée des matériaux et ressources complétées par la mise en œuvre d’un suivi efficace sur le plan énergétique et environnemental.

 

Loin de n’être qu’un concept innovant parmi d’autres, la low tech tend désormais à se concrétiser dans le secteur immobilier à travers l’action de grandes société : en juin 2022,un manifeste intitulé « ensemble pour une transition urbaine Low Tech » a ainsi été soutenu par des grands noms tels que Nexity, Groupama immobilier, BNP Paribas real estate ou encore SNCF immobilier

 

Une piste concrète pour l’immobilier durable

 

Ce manifeste, destiné à fournir une alternative réaliste à la course à l’innovation technologie, a en outre recueilli de nouvelles signatures à l’occasion de l’édition 2023 du MIPIM (Marché international des professionnels de l’immobilier). Un rendez-vous majeur lors duquel la transition écologique de l’immobilier fut évoquée, et avec elle les apports incontournables de la low-tech.

 

Afin de produire des effets concrets, celle-ci doit concerner l’ensemble des métiers de la construction et se développer en amont des projets d’aménagement. Une architecture low-tech qui doit ensuite se décliner à chacune des étapes de l’éco conception : en effet, rappelons que l’objectif d’un bâtiment low tech (neuf ou réhabilité) est la mise en œuvre de solutions simples et modulables permettant d’atteindre la sobriété autant que l’efficacité tout au long de la vie des immeubles. Plusieurs questions pratiques peuvent ainsi être soulevées : la protection de la biodiversité, la gestion des eaux pluviales, le développement des mobilités douces dans le cadre d’immeubles de bureaux, la limitation des consommations énergétiques, le bon usage des technologies numériques etc. En ce qui concerne l’immobilier tertiaire, la low tech vient ainsi optimiser le cycle de vie des bâtiment, réduire leur impact environnemental et sociétal tout en garantissant le confort des utilisateurs

 

La démarche Low Tech ne se limite pas à la construction d’ensembles immobiliers tertiaires ou résidentiels mais peut s’appliquer à des projets d’aménagement urbain bien plus vastes. Contribuant à l’avènement d’un immobilier responsable, la Low Tech concurrence désormais le concept de Smart City en offrant une solution basée sur l’approvisionnement local, les circuits courts et la résilience. Les Smart buildings qui sont à la base des villes intelligentes sont en effet l’objet de critiques liées notamment au caractère parfois trop intrusif de certains dispositifs technologiques, qui sont de plus souvent très onéreux.

 

Afin de réduire les coûts de construction de l‘immobilier neuf, l’élimination des technologies superflues joue un rôle significatif : bâtiments démontables, rajouts d’étage en bois, réhabilitation de friches industrielles ou ferroviaires sont autant de solutions compatibles avec la Low Tech qui viennent combiner maîtrise des dépenses et développement durable. Des démarches qui ont de plus l’avantage d’être mesurable grâces aux processus de labellisation et certifications applicables aussi bien à l’immobilier de bureaux qu’au secteur industriel et aux entrepôts

 

Le MIPIM 2023 fut l’occasion pour la Métropole de Lyon de mettre en avant son projet de réhabilitation du quartier d’affaires de la Part-Dieu qui tend à exclure autant que faire se peut les opérations de démolition et reconstruction des bâtiments. Une requalification du parc immobilier qui là encore s’inscrit dans le sillage des évolutions juridiques actuelles et notamment de l’objectif ZAN (zéro artificialisation net) défini par la loi climat et résilience. La low tech invite ainsi l’immobilier d’entreprise et les métiers du bâtiment en général à se repenser en fonction des impératifs environnementaux et de bien-être.

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